PENNINGTON Bruce

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Bruce Pennington est né en 1944, dans le Somerset un comté du sud-ouest de l'Angleterre. Si sa carrière de jeune artiste commence tôt, encouragé par sa famille et ses amis, c'est beaucoup plus tard qu'il utilisera la peinture. En effet, entre 5 et 9 ans ses dessins sont surtout réalisés avec des crayons de couleur, ceux-ci étant plus pratiques et moins sales à utiliser. Très tôt Bruce est attiré par le fantastique et il dessine régulièrement des paysages impossibles peuplés de créatures également impossibles, ce qu'il appelle "les royaumes sauvages de la beauté anarchique". Ce sont ces thèmes qu'il suit pendant quelques années, même si son talent lui permet de concevoir, plus conventionnellement, des maisons et des meubles. Ces deux sujets principaux qui l'attirent sont diamétralement opposés, mais pourtant reliés par les réalités dans lesquelles ils existent, le beau et le macabre.
À 9 ans Bruce subit un changement d'intérêt. La fantasy cède la place à une passion grandissante pour le dessin d'oiseaux. Pendant plusieurs années ils deviennent son thème principal et Bruce remplit ses carnets de croquis de dessins d'oiseaux, aidé par l'environnement rural dans lequel il vit. Cette obsession dure jusqu'à l'âge de 15 ans, époque où d'autres influences, les films, la musique et la publicité prennent tout doucement le dessus.
La seule matière que Pennington ne déteste pas profondément est le dessin, sujet qu'il s'empresse d'approfondir avec des cours du soir au Beckenham College of Art où il dessine surtout des modèles professionnels. Il aime l'atmosphère du collège et son "confort créateur" comme il le décrit et décide de tout faire pour l'intégrer à plein temps. Il accumule ainsi un grand stock de dessins et de peintures afin de démontrer sa capacité et la variété de ses thèmes. Et ses efforts payent, puisqu'il est accepté au collège pour un cours initial de deux années dans l'art et le design de septembre 1960 à juillet 1962.
Au début ses meilleurs travaux réalisés au collège sont des dessins, mais il se concentre beaucoup trop sur le trait et pas assez sur la couleur, proposant un style plus Florentin que Vénitien. Après une année Bruce connaît un véritable changement, du fait de ce qu’il décrit littéralement comme sa 'découverte de la couleur'. Auparavant, elle n’était pour lui qu’un accessoire arbitraire lui permettant d’ajouter de la profondeur ou du contraste à un dessin. Maintenant grâce aux Impressionnistes, il découvre la véritable valeur de la couleur et comment il est nécessaire de la traiter avec respect, comme quelque chose de magique et de primordial. Ainsi, durant quelque temps les sujets de ses dessins deviennent secondaires, laissant la place à la couleur. Il peint tout et n'importe quoi, juste pour explorer des combinaisons chromatiques différentes, oubliant momentanément les paysages bizarres et les créatures exotiques de son imagination d'enfant.
Après avoir réussi ses examens en 1962, Bruce Pennington entame un autre cours de deux années, cette fois dans la peinture. Cette période coïncide avec la fusion des collèges de Beckenham et de Bromley, donnant naissance au Ravensbourne College of Art situé près de Bromley Common. Très vite et très facilement, il se met à l'huile, se délectant de la liberté de choix que cette peinture lui offre en termes d'opacité, de translucidité, de plasticité et de texture et si la couleur continue d’être son obsession principale, ses thèmes changent sans cesse, sans aucune logique ou fil conducteur, ce qui ne le tracasse pas plus que ça. D’ailleurs, en se retournant sur les années 60, cette période lui rappelle la soi-disant période décadente de la fin du 19ème siècle durant laquelle les mouvements du Symbolisme et de l'Art Nouveau florissaient avec des artistes comme Gustave Moreau, Arnold Bocklin, Klimt et Mucha que Pennington admirera de plus en plus au fil des ans.
Malheureusement, l’orgueil de « la scène de l’art » gâche ses derniers mois à Ravensbourne. Aussi, déterminé à chercher d'autres facettes de l'art par lui-même, écrit-il à plusieurs sociétés et agences de cinéma, prêt à accepter tout ce qui serait pour lui un défi. C’est ainsi qu’il se retrouve illustrateur dans une petite agence de Londres à dessiner des affiches de films dont l’audace et la grossièreté lui semblent être une suite du Pop Art, qui avait été une de ses passions à l'université. En seulement deux mois il réussit à échanger l'ennui des beaux arts contre le plaisir malsain de l'art publicitaire et il aime ça. Il dessine des affiches pour cette agence de septembre 1964 à juillet 1966 et durant cette période il crée progressivement un portfolio tiré de ses propres œuvres privées dans l'espoir d'attirer des éditeurs comme clients potentiels. En effet depuis ses vingt et un ans, l’ambition l’a gagné et il est assez confiant pour envisager une autre carrière. A la fin de l’été 1966, il change brièvement d’agence, mais il trouve le travail ennuyeux et deux ou trois mois plus tard il démissionne avec pour objectif de réaliser son vœu, devenir illustrateur freelance.
L’hiver 1966 est difficile et c’est au printemps 1967 qu’arrive sa première vraie commande, avec Panther Books qui lui demande d’illustrer la couverture de The Defence par Vladimir Nabokov. Cette commande le conduit à réaliser d’autres couvertures pour Panther Books et à l’automne c’est la maison d’édition New English Library (NEL), impressionnée par son travail, qui lui commande sa première couverture de science-fiction pour Stranger in a Strange Land par Robert Heinlein. Suivent d'autres couvertures de SF pour New English Library avec qui pendant quelque temps il pense avoir trouvé sa maison artistique, devenant un de leurs principaux illustrateurs de couvertures. Une de leur commande et pas la moindre, est pour la série Dune de Frank Herbert, mais il travaille également pour beaucoup d'autres éditeurs et auteurs.
Au début des années 70 Bruce Pennington passe à la fiction d'horreur, illustrant les couvertures d’auteurs comme Arthur Machen, H.P. Lovecraft, August Derleth et Clark Ashton Smith. Ces illustrations sombres et violentes ont conduit à l’idée fausse que Pennington est lui-même d’un pessimiste sombre. Mais c’est faux, ces images ne sont pas ses cauchemars personnels, elles correspondent juste à un sujet de peinture, son comportement étant généralement d’un optimisme gai. Le passage de Pennington du côté sombre est à son apothéose avec la publication en 1977 d'Eschatus, son interprétation en mots et en images des prophéties de Nostrodamus. La réalisation de ce projet est pour lui une satisfaction, même s’il a été éprouvant. C’est donc avec un grand soulagement qu’il retourne ensuite vers l’illustration de couvertures de livres. Le travail qui suit est surtout tourné fantasy pour des auteurs comme Philip Jose Farmer, Gene Wolfe, Eric van Lustbader et A.E van Vogt.
Vers la fin des années 80 Pennington s'éloigne de l'illustration commerciale pour un travail plus personnel dont on peut voir un extrait dans Ultraterranium publié par Paper Tiger en 1991. Chez le même éditeur, on trouve également The Bruce Pennington Portfolio en 1990, avec 28 impressions grand-format (A3) et Bruce Pennington BP, un livre miniature (11 x 8 cm) en 1994, avec 20 exquis petits tableaux. Si l’artiste s’est aujourd’hui en grande partie retiré de l'illustration active, il a illustré en 2008 Book of the Vampire, un livre écrit par Nigel Suckling.

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