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François Schuiten... une nouvelle vie

François Schuiten, dessinateur de La Fièvre d’Urbicande, qui vient de signer Le Dernier Pharaon, s’est exprimé sur son envie d’arrêter définitivement la bande dessinée et sur le fait qu’il n’en vive plus assez. La sortie du dernier épisode de Blake et Mortimer, a mis le dessinateur de la saga Les Cités obscures sur le devant de la scène et contrairement à ce que l’on peut lire un peu partout, François Schuiten ne cherche ni à faire ses adieux à la BD, ni à faire du sensationnalisme. Il préfère dire qu’il n’a plus de projet en bande dessinée et qu’il ne compte plus en avoir pour l’instant, ce qui n’est pas tout à fait pareil !

Après un travail de trois ans et demi sur le one shot Le Dernier Pharaon de Blake et Mortimer, il se sent épuisé et sait qu’il n’y aura pas de suite. Maintenant, il se rend également compte qu’il n’est plus en phase avec le système de la BD actuelle et qu’il n’arrive pas à s’y adapter. Ce système d’édition, qui pousse les auteurs à la surproduction d’albums, l’inquiète et lui fait peur et il ne cache pas la difficulté qu’il rencontre aujourd’hui à exercer un métier qui a beaucoup trop changé. Pour lui, faire de la bande dessinée devient une équation de plus en plus complexe, d’un côté les réseaux sociaux, le marketing, les expositions, l’obligation de produire beaucoup et de publier plus vite et de l’autre l’envie de bien faire de la BD, de se concentrer sur son sujet, en s’informant et en prenant son temps car pour François Schuiten, la bande dessinée est quelque chose de sérieux et faire une activité en parallèle n’est pas possible dans la BD. Le dessinateur à succès ne veut plus produire pour un système qui s’est emballé et oublie que la bande dessinée est un métier d’artisan.

S’il avoue s’en être bien sorti, il a le sentiment qu’aujourd’hui un dessinateur de BD vit de moins en moins bien de son art et il ne cache pas avoir dû se tourner vers l’illustration, l’affiche, la scénographie pour financer la création longue de ses BD et même avoir dû parfois vendre des originaux pour faire aboutir ses projets. Enfin, s’il remercie la BD pour tout ce qu’elle lui a donné, il se sent au bout de ce qu’il devait faire en bande dessinée, ayant l’impression d’avoir tout dit et surtout souhaitant se renouveler et aller vers d’autres formes artistiques. Il ne veut pas faire le livre de trop et analyse sagement, qu’avec la parution du Dernier Pharaon, une page se tourne. François Schuiten a d’autres ambitions et c’est certain, continuera à faire des livres, à raconter des histoires, mais pas sur le mode qui l’a rendu célèbre.