SANJULIAN Manuel

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Manuel Pérez Clemente est né à Barcelone le 24 juin 1941. A l'école, il dessine constamment et si ses dessins sont appréciés par ses enseignants, il est souvent puni pour avoir dégradé ses livres en illustrant ce qu'il lit dans les marges des pages. Mais Manuel considère le dessin comme un passe-temps et n’envisage pas de s’orienter professionnellement vers cette voie. Issu d'une longue lignée de marins marchands, il aspire à suivre la tradition familiale et vers 16 ans, une fois ses études secondaires terminées, il s’inscrit à l’école navale de Barcelone souhaitant s'engager dans la marine marchande comme l’avait fait son père avant lui. Mais son talent pour le dessin va changer le cours de sa vie. Manuel est fou de cinéma américain et s’intéresse aux dessins publicitaires qui annoncent les films dans les journaux. Il se met en tête de faire de la publicité pour le cinéma et de gagner un peu d’argent. Il prépare alors un carton de dessins, des portraits d’acteurs, inspirés des professionnels de l’époque et va se présenter à la Warner, à la Metro et chez Paramount. Sans grand succès. Un peu découragé, il frappe à la porte de la Hispano Fox Film, le distributeur officiel en Espagne de la société de production américaine 20th Century Fox, qui va lui faire faire un essai. Ses revenus couvrent ses dépenses et il réalise que c'est la voie qu'il doit suivre, Manuel va alors simplement échanger un rêve, la mer, pour un autre, le dessin et la peinture et sur les conseils d'un restaurateur de tableaux, ami de la famille, il abandonne ses études dans la marine et s'inscrit à l’École Supérieure des Beaux-Arts "San Jorge" de Barcelone. Tout en étudiant, il continue à faire de la publicité, ce qui lui permet également d’assurer son indépendance économique sans s’astreindre à un horaire.
Mais très vite éclate une crise dans la publicité cinématographique, ce qui l’amène à chercher d’autres alternatives. Il prend alors contact avec la maison d'édition Bruguera qui lui propose de travailler sur une série de bandes dessinées aux thèmes romantiques. Mais ce style ne correspond pas à Manuel, qui sur les conseils d’un ami des beaux-Arts, se tourne vers l’agence artistique Selecciones Ilustradas de Josep Toutain. Celle-ci est spécialisée dans la représentation des dessinateurs de bande dessinée et illustrateurs espagnols à l'étranger et obtient régulièrement pour ses membres, des commandes dans le monde entier et particulièrement au Royaume-Uni. Il rejoint donc le personnel de l’agence en ce début des années 60 pour y produire des bandes dessinées historiques, thème dans lequel il s’est spécialisé, ce qui expliquera son affinité pour l'illustration fantastique et Conan. S'il est attiré par le genre comic (appelé trabajo de historieta en Espagne), il comprend qu’il préfère travailler en couleur. Il envisage alors de faire des maquettes de couvertures et des illustrations en couleurs et va voir Toutain pour lui en parler. Il réalise deux essais de couverture pour des romans-western, que Toutain rejette estimant qu’elles sont juste bonnes à être proposées à Bruguera. Vexé, Manuel va alors s’enfermer et réaliser 3 autres couvertures, qui cette fois, convaincront l’éditeur et feront qu’il travaillera désormais principalement comme illustrateur de couvertures.
Manuel avait demandé un sursis, mais comme il n’avait pas voulu faire de préparation militaire, il doit faire son service comme simple soldat et passer une période obligatoire de deux ans sous les drapeaux tout en continuant à dessiner. Durant cette période, il travaille pour une revue militaire comme illustrateur et se met à faire des « serials » pour la Scandinavie, tout en continuant à faire des couvertures pour l’Europe. Ce n’est que plus tard, qu’il est remarqué sur le marché britannique en réalisant des illustrations pour des maisons d'édition renommées comme Futura, Fontana ou Harrow. Au début des années 70, Selecciones Ilustradas commence à recevoir des commandes des maisons d'édition américaines. Au début seulement des bandes dessinées, mais ensuite également des couvertures. Intéressé par le marché des Etats-Unis et après dix ans d’expériences principalement dans le western, Manuel à 33 ans ne rate pas l’opportunité qui s’offre à lui. Ainsi, après avoir vu des échantillons de son travail, la maison d’édition Warren Publishing lui commande quelques couvertures sur ses thèmes de prédilection, la fiction, l’épouvante et la fantasy. La personne en charge de son travail à New York va se mettre à présenter sa production dans les maisons d’édition, ainsi il recevra même une commande de romans historiques émanant de la grande maison Dell Publishing. A partir de cette période, ses conditions de vie vont nettement s’améliorer, ses revenus étant presque multipliés par 8 pour une couverture. Commence alors une collaboration avec les maisons d’édition américaines. Il signe un contrat avec Dell Publishing et va alors se faire connaitre en illustrant les couvertures pour DC Comics, Vampirella, Creepy, Eerie et à la suite de Frank Frazetta dont il s'est souvent inspiré, les couvertures de la série Conan le barbare, où son intérêt pour l’Heroic Fantasy apparaît très clairement (1971).
Son travail est apprécié et l’on remarque sa grande maîtrise dans le genre historique, il travaille alors pour toutes les maisons d’éditions importantes de New York (Avon, Warner, Dell, Bantam, etc.…). Il cherche tout à la fois le sérieux et la dignité dans son travail et s’inspire principalement de la peinture à l’huile et de la technique du maître des maîtres, Velázquez. Il réalise d’importants travaux en termes de diffusion/ventes (comme par exemple pour Le Nom de la Rose), des séries complètes (comme les romans de Frank Yerby) mais aussi quelques publicités en Espagne (par exemple pour le Parc thématique de Port Aventura).
En 1984, il quitte Selecciones Ilustradas pour Norma Editorial. Son travail va à ce moment-là se concentrer sur les Etats-Unis qui représentent presque toutes ses commandes, ne lui laissant presque pas de temps pour travailler en Espagne ou en Europe.
Pendant toutes ces années, il travaille dans tous les domaines et bien que la photographie et l’ordinateur gagnent du terrain, son travail ne diminue pas et n’en souffre pas. De tous les genres pour lesquels il a travaillé, le plus populaire, qui a connu des hauts et des bas, mais qui n’a jamais décliné, reste l’heroic-fantasy avec l’épée, la sorcellerie, ainsi que les récits mystérieux et héroïques qui plaisent toujours autant au public.
L’art du numérique ne l’intéresse pas personnellement mais il admet qu’il représente le futur. La peinture traditionnelle, le dessin, l’aquarelle, le pastel, la peinture à l’huile ne peuvent disparaître, ces techniques continueront d’exister. Sanjulian les a utilisées sa vie durant afin de réaliser ses travaux et il apprend encore tous les jours. Il est également conscient que ces moyens picturaux ont de puissants rivaux (la photographie et l’ordinateur), mais il croit que les étudiants doivent continuer de travailler de manière plus artisanale, afin de transcender les modes et les intérêts commerciaux.
Il a reçu au fil des années de nombreux prix et reconnaissances et a assisté à de nombreuses conférences et conventions. Si ses peintures apparaissent dans de nombreuses galeries privées, il a également exposé un peu partout dans le monde et ses œuvres ont été présentées à plusieurs reprises à la célèbre Society of Illustrators de New York.
Plusieurs livres permettent de découvrir le travail de l’artiste. Sanjulian (Norma Editorial, 1984 - édition française éditée en 1985 par Glénat), Sanjulian Master Visionary (SQP, 2001), Sanjulian (Big Wow, 2007, dimensions réduites), Sanjulian (Big Wow, 2008) et Sword's Edge (2010, Underwood Books), qui est un hommage au créateur de Conan. Il vit à Sitges depuis 1977, une commune du bord de mer de la province de Barcelone en Catalogne.

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