CAESAR Ray

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Ray Caesar est né à Londres le 26 Octobre 1958. Il va grandir dans un milieu modeste et une famille difficile, avec un père infirme et psychopathe. A 7 ans il découvre un livre de Dali et se rend compte, que s’il n'a jamais rien vu de pareil, pourtant son œuvre lui rappelle quelque chose. Même à 7 ans, il savait qu'il y avait cet endroit... Cet endroit distant et familier, mais étrange…. le surréalisme. Il va alors prendre l'habitude de dormir avec ce livre sous son oreiller. Avec un peu de recul peut être que ce n'était pas une bonne idée !
Suite à des problèmes de voisinages, sa famille déménage en 1967 pour Toronto. Vers 10 ou 11 ans, il prend l'habitude de se parer comme une fille et de jouer avec des poupées, des couteaux et le feu. Il poignarde son père en légitime défense et commence à haïr tout ce qui est masculin. Il déteste les hommes, tout ce qui ressemble au mâle et va rejeter la part masculine présente chez lui. Il se souvient de son reflet dans un miroir, habillé comme une femme fatale dans les vêtements de sa mère et de ses sœurs, une perruque sur la tête et un couteau à la main.
Il grandit en jouant constamment avec les poupées de ses sœurs, leur enlevant la tête et les bras pour les mettre sur d'autres corps. Il les dispose en constructions élaborées et adore admirer le résultat. Fâcher avec les mots et ayant de grosses difficultés à s’exprimer verbalement, très jeune il compense ce manque en dessinant et en peignant et quand il regarde les différentes étapes de l'évolution de ses créations artistiques, il voit des poupées et des scènes de poupées partout. Bizarrement aucun de ses amis ne se moquera jamais de lui ! Peut être la peur de prendre une raclée…..
En 1977 il rentre à l'Ecole des beaux-arts de l'Ontario, la seule école d’art de Toronto et va y étudier l’architecture et le design. Ray Caesar a 22 ans en 1980 lorsqu’il en sort diplômé et sa santé mentale est à la limite de la rupture. Il lui faudra de nombreuses années de thérapie pour comprendre ce qui lui est arrivé. Il dessine et peint mais ne considère pas ses travaux comme de l’art, plutôt comme une espèce de journal intime ou un endroit dans lequel fourrer ses pensées insupportables et permette à son esprit de se reposer. En 1980, il rentre au Département d’art et de photographie de l’hôpital pour enfants de Toronto, où il s’occupe de la documentation des cas troublants de maltraitance d’enfants, de reconstructions chirurgicales, de psychologie et de recherches sur les animaux. Durant cette période, sous l’influence des peintres surréalistes Frida Kahlo et Salvador Dali, il va vivre de nombreuses expériences, essayant de traduire par le dessin durant 17 ans, les diverses afflictions dont les enfants sont atteints. Ray Caesar pense qu’il doit cette expérience extrême au "Destin" et que celui-ci a choisi pour lui cet endroit pas facile mais qui cependant, lui a permis de surmonter beaucoup de ses problèmes.
Il va ensuite travailler dans le cinéma et la télévision de 1998 à 2001, améliorant ainsi son utilisation des médias numériques. D’une certaine façon ce parcours aura été pour l’homme et pour l’artiste, vingt-cinq ans de formation, de thérapie et de guérison. Il lui aura simplement fallu vingt-cinq ans pour faire ce que d’autres font en quatre.
Il travaillera avec de nombreux matériaux et méthodes et continue à utiliser encore de nombreux médiums traditionnels. Mais il est passé très tôt au numérique, ce qui lui vaut d’être surnommé le grand-père de l’art numérique et travaille en particulier avec le logiciel Maya, un logiciel de modélisation 3D utilisé pour créer des effets d'animation numériques dans le cinéma et l’industrie du jeu. Il l’utilise pour créer aussi bien ses personnages que les environnements virtuels dans lesquels ils existent. Grace au programme, il construit des personnages numériques qui peuvent être pliés et manipulés pour prendre n'importe quelle pose. Il enveloppe les modèles dans des textures riches, ajoutant des cheveux, de la peau, des cils et des ongles. Il les place alors dans un environnement 3D très éclairé, impeccablement détaillé, construit à partir de modèles architecturaux, des fenêtres, des papiers peints, des rideaux et du mobilier. Le processus méticuleux de Caesar s’appuie sur les savoirs faire du dessin, de la peinture, du collage et de la sculpture, son travail nécessitant des heures innombrables pour réaliser chaque tableau particulièrement complexe. Pour aller plus loin dans l’explication de sa technique de conception, Ray Caesar compare son processus d’impression 2D à partir d’images créées en 3D, comme identique à la pratique de capture des images fixes dans une vidéo ou un film.
Avec le total contrôle de l'habillement, de la pose et de l'éclairage, de ses personnages aussi bien que de chaque élément de leur environnement, les réalisations de Caesar sont une projection de son obsession d’enfance, jouer avec des poupées. La fantasy, l'évasion de la réalité, la cruauté humaine et le déguisement étant des thèmes récurrents explorés dans son procédé narratif dramatique.
Cette technique lui permet de donner davantage de réalité à ses sujets afin que le spectateur les imagine en train de sortir de l'image ou mieux, que celui-ci va pénétrer dans l’univers de l’oeuvre. Le visiteur entre dans un monde fantastique étrange, il ne sait plus tellement où se situer. Est-il en train de pénétrer dans un monde merveilleux, un monde totalement énigmatique où règne la technique ? En effet, la mécanique est récurrente dans ses oeuvres. C'est d'ailleurs une des pistes qui mène le spectateur à s'interroger, qui éveille en lui un perpétuel aller-retour entre passé et futur. Un passé qui apparaît dans la réalisation même des créations numériques, un grain qui rappelle les peintures à l'huile datant du XVIIIème siècle, mais aussi les mécaniques qui laissent penser aux machines prototypes inventées au début du siècle. Des têtes difformes, des corps démesurés qui impressionnent mais qui n'effrayent pas. Comme si ces poupées détenaient une vérité profonde que personne ne peut saisir, une révélation sur la cruauté humaine ?
S’il avoue être inspiré par François Boucher, Jean-Honoré Fragonard et Antoine Watteau, Ray Caesar explique qu'il est souvent capable d'accéder à son subconscient créatif lorsqu'il se trouve en train de rêver éveillé. Son travail dans ce monde onirique et ses poupées qui sont parfois dérangeantes, inscrivent incontestablement Ray Caesar dans le mouvement des Pop Surréalistes. Aujourd'hui, Ray Caesar fait partie des artistes les plus influents de notre temps. Il est exposé au niveau international et on trouve ses œuvres non seulement dans des collections privées comme celles de la famille du magnat de la presse William Hearst, de Madonna ou de Riccardo Tisci directeur artistique de la maison Givenchy, mais également dans des musées comme celui de Bristol ou les Musées d’Art Moderne de New York et de Guggenheim.
Ray Caesar vit dans une maison de briques rouges à Toronto avec sa femme Jane et un coyotte répondant au nom de Bonnie.