ZAR Chet

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Chet Zar est né le 12 novembre 1967, il est le dernier des trois enfants de Richard et Judith Sepeda. Il grandit à San Pedro, un quartier de Los Angeles situé à l'extrémité de la péninsule de Palos Verdes. Si la zone portuaire souffre d'un sentiment d'isolement par rapport au centre-ville de Los Angeles, elle bénéficie cependant d’une culture qui lui est propre. Ce qui fera dire à Chet, que ce quartier était le genre d'endroit, qu’il fallait avoir quitté avant un certain âge sous peine de ne plus pouvoir le quitter ensuite.
Richard Sepeda est capitaine de bateaux de pêche et de remorqueurs, quant à Judith Sepeda, plus tard Judith Zar, elle est enseignante et partage ses loisirs à travers différentes formes d'art, comme le dessin, la peinture ou encore l'écriture. C’est elle qui va mettre en place pour son fils un environnement propice à la découverte de l’art, lui permettant d'explorer pleinement son univers. Chet commence d’ailleurs ses explorations très tôt puisque dès 3 ans il se retrouve à toujours être en train de construire ou de détruire quelque chose ou, même ce qui semble être plus adéquat, déconstruire. Sa curiosité le conduira par la suite à démonter toute sorte de choses, comme des caméras, des télés, des vélos ou des motos juste pour voir comment elles fonctionnent, réussissant parfois à les remonter ensuite, mais en en détruisant aussi malheureusement beaucoup. Il se rend compte aujourd’hui de la chance qu’il a eu d’avoir une mère aussi facile à vivre, car elle ne l’a jamais puni pour ce genre de "catastrophes", voyant plutôt en elles uniquement le côté éducatif.
Chet a 5 ans lorsque ses parents divorcent, période qu'il décrira comme un moment douloureux de sa vie. Pourtant malgré cette rupture, il maintient une relation avec son père, qu’il continue de rencontrer et avec qui il découvre par exemple la moto. Aujourd’hui il se rend compte que ses deux parents auront été, chacun à leur manière, deux types de forme d’ouverture vers la vie, ne mettant jamais de limite à sa créativité.
Alors que Chet se souvient de son père comme d’un homme qui travaillait dur et était "très patient avec sa nature curieuse", il n’oublie pas que celui-ci a également souffert de dépression et de problèmes émotionnels, qui le feront sortir plus tard, de la vie de Chet pendant de nombreuses années.
Un an après son divorce, sa mère le présente à un artiste qui allait devenir son beau-père quelques années plus tard, James "Jimmy" Zar. Le contraste entre Jimmy et Richard Sepeda est immense. Là où son père avait tendance à être calme, réservé et dépressif, Jimmy est extraverti, drôle et léger, un étrange mélange entre l’ouvrier et l’artiste bohème, qui va séduire tous les enfants de la famille. Chet devient proche de Jimmy et comme ils apprécient tous les deux les mêmes choses comme la science-fiction, les films d'horreur, l’art fantasy ou le magazine Mad, ils vont très vite s’entendre. Chet a neuf ans lorsque Jimmy épouse sa mère et qu’il découvre que son beau-père va le laisser faire « son truc », ne cherchant jamais à lui imposer quoi que ce soit.
Sa mère, quant à elle, est très ouvert spirituellement et a un grand intérêt pour le paranormal et si Chet aura durant son adolescence quelques expériences paranormales plus ou moins bonnes, celles-ci ne tiendront jamais le premier rôle dans son quotidien.
Au cours de son adolescence, Chet développe de réelles compétences à la fois dans le moto-cross et dans la musique, se demandant même parfois s’il n’allait pas en faire son métier. Il emménage même dans une pièce que son frère Rick, talentueux guitariste, avait transformée en studio pour son propre groupe. Mais bien entendu, il continue à voir des monstres dans les films d'horreur, dans les bandes dessinées ou dans les histoires, monstres qu’il construit et qui prennent vie dans son esprit de futur artiste, entre les courses de moto et les morceaux de musique.
Ses influences artistiques comprennent James Zar (beau-père et mentor artistique), Beksinski, HR Giger, Frank Frazetta, MC Escher, Bosch, John Singer Sargent et Norman Rockwell pour n’en citer que quelques-uns.
Chet ne fait d’études d’art, il apprend dans les livres de bibliothèque la sculpture, la réalisation de masques, les effets de maquillage et n’hésite pas à envoyer des lettres pour demander des conseils aux professionnels. De plus, au fur et à mesure que ses lettres partent et reviennent, il n’hésite pas à exercer ses compétences sur ses amis. Chet n’a pas vingt ans lorsqu’il est contacté pour aider une nouvelle société, les studios Alterian, une entreprise en plein développement spécialisé en maquillages et effets spéciaux. Il y restera durant plus de dix ans, jusqu'à ce que l'un des géants des effets spéciaux, Bill Sturgeon, lui offre une chance de travailler pour le studio renommé de Rick Baker.
En même temps qu’il crée des monstres, Chet se fait également un nom dans le monde des effets spéciaux. Alors qu'il travaille pour Rick Baker, le studio est embauché pour faire le maquillage d’Hellboy, le film réalisé par Guillermo del Toro. C’est pour ce film que Chet va créer la fameuse main droite d’Hellboy et qu’il va sympathiser avec le réalisateur. Pourtant, ce n’est qu’avec la réalisation d’Hellboy II que Chet comprend combien son travail a fait forte impression sur Guillermo del Toro. Lorsque lors de la première réunion de la production du film, le réalisateur fera référence à son travail pour la future conception de la Garde Prétorienne du film et qu’il répondra "Chet Zar" à Mike Mignola, le créateur de la bande dessinée, qui demandait "A qui ?", en le pointant du doigt !
Si les voies du cinéma lui sont maintenant grandes ouvertes avec ses travaux sur des films comme Darkman, Le Cercle ou la Planète des singes, Chet se rend vite compte de la limite du processus créatif des grands projets, contrairement au travail rencontré avec del Toro. En effet la principale préoccupation des équipes de production est de faire de l’argent et que leur vocation n’est pas d’encourager l’innovation et la créativité. Si les contraintes de la conception vont le priver de la satisfaction, qu’il attendait dans son travail sur les effets spéciaux au cinéma, le caractère répétitif que ce travail a pris après de nombreuses années dans l’industrie va, quant à lui, en être une autre. En outre, Chet doit faire l’amer constat que l'avènement de la CGI (l’imagerie de synthèse) va réduire de manière drastique le nombre d'emplois dans la profession.
Chet ayant connu dans le même temps ses premiers succès dans le monde de la peinture, l’idée de se consacrer à ses propres projets à temps plein devient pour lui une perspective séduisante. Le temps que Chet a passé dans l'industrie du cinéma lui a permis de rencontrer une poignée de réalisateurs avec lesquels il a noué des relations satisfaisantes. Il lui a également permis de nouer des amitiés le conduiront à d'autres activités créatives. Ainsi il travaille avec Adam jones sur les vidéoclips encensés par la critique du groupe art metal Tool, travail qui le conduit non seulement à une relation artistique riche, mais également à une amitié profonde avec Jones. Les commentaires de Jones sur les oeuvres de Chet seront d’ailleurs l'un des événements qui l’amèneront à considérer l‘art comme un éventuel métier et plus particulièrement la peinture. D'autres artistes comme Mitch Devane, avec qui Chet a travaillé au studio de Rick Baker et que Chet considère comme l'un des meilleurs sculpteurs dans l'industrie du cinéma, vont également l’encourager.
Alors qu'il est gratifiant pour Chet d'avoir le soutien de ces poids lourds, c’est le soutien de son épouse, Lisa, qui va le conduire à suivre sa véritable voie. En effet lorsqu’il lui montre Anima Mundi, le livre de Mark Ryden et qu’il lui annonce qu’il veut changer de carrière et devenir peintre, elle lui dit qu’il est tout à fait capable de peindre de telles œuvres et que si c’est ce qu’il veut faire, il faut simplement qu’il le fasse. Elle croit dans son potentiel artistique et une fois son soutien obtenu, Chet ne s’est plus arrêté. Mais il ne se rend alors pas compte qu’il vient de choisir un chemin difficile. Il travaille dans les effets spéciaux la journée et peint la nuit et le week-end et cela durant plusieurs années. Encore aujourd’hui il se demande comment il a pu faire. Jamais son épouse ni ses enfants, Jérémi et Fritz, ne se plaindront ni ne lui feront la moindre remarque. Ils savent combien c’est important pour lui.
Aujourd’hui, le résultat obtenu est une motivation renouvelée, une liberté artistique et une clarté de vision qui est évidente dans ses peintures surréalistes sombres et souvent pleines d'humour noir….. D’ailleurs pour Chet, le vieux monde de l'art vicié est en train de mourir et un nouveau mouvement est en train de naître.

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