En 2023, la 11ème Biennale du 9ème art consacrée à la bande dessinée, au roman graphique et à l’illustration offre une carte blanche à Nicolas de Crécy, figure majeure de la nouvelle bande dessinée. En trois décennies, Nicolas de Crécy a imposé une oeuvre singulière et exigeante, étrange et décalée. Il s’est fait connaître du grand public par la série Léon la Came, qui a obtenu le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 1998, ou par son album sur le musée du Louvre, Période Glaciaire, en 2005.
En parallèle à la réalisation d’une quarantaine de livres de bande dessinées ou d’illustration et à quelques incursions dans le dessin animé, Nicolas de Crécy a développé un important travail graphique, enrichi par les techniques variées qu’il explore, gravures, fusain, aquarelles, huiles. L’exposition présentée jusqu’au 15 octobre au musée Thomas Henry aborde ainsi l’oeuvre de Nicolas de Crécy sous l’angle des atmosphères urbaines.
La centaine d’oeuvres sélectionnées sur le thème du surnaturel urbain s’articule en cinq séquences distinctes.
En ouverture, New-York-sur-Loire. Cité surréaliste, mégapole imaginaire, improbable combinaison entre le gigantisme américain et la splendeur des châteaux de la Loire, devenue une protagoniste à part entière dans l’univers de l’auteur.
La suite du parcours propose une vision fantasmagorique de Kyoto et Tokyo, ville high-tech s’il en est, peuplée de Yôkai, ces esprits facétieux et inquiétants du folklore japonais, que l’auteur, inspiré par les grands maîtres de l’Ukiyo-e, a réintroduit dans un univers urbain contemporain.
La séquence suivante est consacrée à la place de la nature dans la ville ou, à l’inverse, à l’inscription de l’architecture dans le paysage à travers une sélection d’images dédiées au dialogue nature/culture. Les pièces exposées dans cette section sont inédites, fruit d’une recherche picturale traduite par une multiplicité de techniques, fusains, huiles sur toiles, aquarelles, acryliques.
Une quatrième séquence explore la ville de Mexico, par une approche presque documentaire. En effet, il arrive parfois à Nicolas de Crécy de mettre à distance son imagination pour mieux s’imprégner de l’étrangeté du réel.
Enfin la dernière séquence s’intéresse à Cherbourg. Lors d’une résidence en octobre 2022 à Cherbourg-en-Cotentin, Nicolas de Crécy a arpenté les rues, les quais et les jardins de la ville afin d’appréhender le génie du lieu. La série de dessins aquarellés et de gravures taille-douce, produits sur le motif ou à l’atelier René Tazé à Paris, met en lumière le caractère insolite et contrasté de Cherbourg-en-Cotentin.