JACOBSON Tyler

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Tyler Jacobson est né le 5 août 1982 à Oakland en Californie. Son père est médecin chez les garde-côtes et la famille doit déménager régulièrement, de la Californie au Nevada, puis au Connecticut, à l'Illinois, à Washington et de nouveau dans la Bay Area.
Tyler dessine depuis qu’il sait tenir un crayon et déjà à l'école primaire, il remplit toutes les marges de ses livres de gribouillis, au grand dam de ses professeurs. En huitième année, il est confronté pour la première fois à l'art fantastique lorsqu'il commence à jouer à Dungeons & Dragons et à Magic: The Gathering avec son frère aîné. Ce ne sont pas seulement les jeux qui l'attirent, les artistes dont les œuvres illuminent les livres et les cartes à jouer lui font également forte impression. Il admire particulièrement les créatures dessinées par Tony DiTerlizzi qui remplissent les pages d'Advanced Dungeons & Dragons Monstrous Compendium Annual, Volume One. Il idolâtre également un jeu de guerre miniature anglais appelé Warhammer 40,000 de Games Workshop et la peinture d'un Space Marine par l'artiste Karl Kopinski. Tyler est obsédé par toutes ces œuvres et comme il les dessine sans arrêt, il commence à différencier les artistes tout en reconnaissant leurs différents styles.
Puis vient l’époque du lycée, qu’il fréquente à Bay Area où la famille Jacobson est revenue s’installer. Son enthousiasme ne faiblit pas et s’il continue à y dessiner, il y suit également tous les cours d’art qui y sont dispensés.
Les monstres effrayants et sinistres fascinent Tyler, qui ne sait pas exactement ce qui l'attire vers eux, mais il les trouve excitants. Tout comme le fantastique et la science-fiction en général, où des univers entiers sont créés et où tout peut arriver, ce qui donne beaucoup de liberté pour inventer n'importe quoi. D’ailleurs, Tyler ne s’en prive pas et invente et dessine n’importe quoi, que ça soit en lisant Tolkien et en imaginant la riche tapisserie de détails de ses mondes, ou en dessinant au dos des sets de table en papier dans les restaurants et toujours dans son cahier pendant les cours.
À l'époque il ne fait que griffonner, bien sûr, et il n’imagine pas un seul instant faire carrière dans l'art fantastique. Le genre n'en est qu'à ses débuts et les emplois disponibles sont limités. Au contraire, il considère la biologie comme sa seule option pour un "vrai travail" susceptible de l'intéresser. Plus jeune, il a joué au "scientifique" dans les laboratoires de biologie marine de son oncle et de sa tante, observant au microscope les parasites présents dans le tube digestif des souris et des poissons. C'est dans cet esprit qu'il s'inscrit en 2001 à l'université Gonzaga de Spokane, dans l'État de Washington et qu'il y suit un cursus de biologie. Après quelques mois, Tyler se heurte à un mur abrupt en suivant des cours de chimie où il se retrouve en difficulté et découvre que ce n'est vraiment pas fait pour lui. Il aime la science, c’est certain, mais ce n'est pas ce qu’il veut faire dans la vie. Il va chercher, aller voir ailleurs, mais finit par revenir à ce qu’il a toujours aimé, à savoir l'art. C’est vrai qu’il a toujours été bon dans ce domaine, alors il se dit que ça vaut mieux pour lui de s'y consacrer et avec les encouragements de sa famille, il change de cap toujours à l'université Gonzaga. Il y reçoit une bonne formation artistique et étudie tout, du dessin et de la peinture à la gravure et à la céramique. Il obtient son diplôme en 2005, avec une spécialisation en beaux-arts et une mineure en histoire ancienne.
Mais Tyler se rend compte qu’il en veut vraiment plus et réalise alors qu'une carrière dans l'illustration est possible. Il doit trouver un moyen pour devenir un artiste et décide de repartir à zéro pour suivre la formation artistique qu'il souhaite et que s’il n'y arrive pas…. Eh bien, il pourra toujours enseigner !
Après avoir posé sa candidature dans plusieurs écoles d'art du pays, Tyler rentre en 2006 à l'Academy of Art University (AAU) de San Francisco afin d’obtenir une maîtrise en beaux-arts. Il assiste à des cours d'illustration, mais ne sait pas vraiment ce que c'est. Ce qu’il y apprend lui ouvre un tout nouveau monde, c'est exactement ce qu’il avait toujours cherché, il veut raconter des histoires et c'est comme ça qu’il va pouvoir le faire.
C’est sa rencontre avec Bill Maughan, alors directeur des programmes de maîtrise en beaux-arts et en illustration traditionnelle de l'AAU, qui va lui ouvrir les yeux et avoir une influence considérable sur la carrière de Tyler. En effet, Bill Maughan a compris que les artistes avaient besoin d'un ensemble de compétences bien équilibrées en matière de paysage, de portrait et de peinture de figures, ainsi qu'en matière de perspective atmosphérique, d'anatomie et de narration. C’est là, auprès de grands noms tels que Bill Maughan, Lisa Berrett, Stephen Player, Chuck Pyle, Zhaoming Wu et bien d'autres grands instructeurs et artistes professionnels, qu’il va apprendre tout ce qu’il sait.
Tyler a toujours été curieux et capable de s'inspirer du passé. Tout au long de sa scolarité, il utilise les influences de la culture pop de sa jeunesse pour définir son propre style. Les affiches de films et les films des années 80 font vibrer toutes les cordes sensibles de Tyler. Drew Struzan règne en maître sur les affiches de films à l'époque et continuera d'être une source d'inspiration pour Tyler. L'affiche du film Legend de 1985, réalisée par Thomas Blackshear II, reste une image de référence. Parmi les autres influences, il y a les univers sombres de Jim Henson, avec Labyrinth et Dark Crystal ou les effets spéciaux réalisés par le studio Stan Winston, en particulier pour Terminator 2 : Judgment Day. Sans oublier Angus McBride, John Howe et Alan Lee, d'autres grandes influences et la série de livres préférée de Tyler, Le Seigneur des Anneaux.
L'admiration pour ces artistes et ces films amène Tyler à réaliser qu'il peut être un conteur d'histoires à travers ses peintures. Il s'efforce alors d'apprendre à figer les grands moments cinématographiques qu'il voit dans son esprit. Quant à ses professeurs, ils lui font découvrir des illustrateurs classiques tels que Tom Lovell, Dean Cornwell, Norman Rockwell, N.C. Wyeth, Howard Pyle et J.C. Leyendecker, qui à travers leurs carrières, ont permis à Tyler de mieux comprendre sa propre approche. Il a également la chance de collaborer avec Randy Berrett, qui réalise des matte paintings à l'époque et Tim Avatt, dessinateur chez Pixar. Ils ont de l'expérience à la fois dans le développement visuel et dans l'illustration et ils vont aider Tyler à choisir entre les deux domaines.
Alors que Tyler approche de sa dernière année, l'Academy of Art University demande à ses étudiants de créer un projet de thèse. Tyler choisit de se concentrer sur le thème des personnages tragiques de la littérature tels que le capitaine Ahab, Beowulf et Macbeth. Ses peintures à l'huile épaisses montrent une influence directe de l'illustrateur Gregory Manchess, mais fournissent également la première preuve de la manière dont Tyler commence à formuler son propre style.
Ses œuvres seront d’ailleurs présentées lors de l'exposition annuelle de printemps de l'AAU en 2009. Ce soir-là, pour son travail, il est récompensé par le prix Best of Show MFA Traditional Illustration et par la première place MFA Traditional Illustration. Mais surtout, il est présenté pour la première fois à des personnalités du secteur, qui recherchent chaque année les étudiants les plus talentueux et les plus brillants lors de l'exposition. Deux des personnalités marquantes qu'il rencontre sont Irene Gallo, de Tor Books et Richard Solomon, représentant des artistes. Ce dernier, voit le jeune illustrateur très prometteur et invite Tyler à s'engager auprès de son agence. Pour lui, Tyler est déjà complètement formé, prêt à entrer directement dans la cour des grands. Il estime que le jeune artiste a son propre point de vue, comprend l'éclairage et la dramaturgie et sait instinctivement ce qu'il doit faire.
En 2009, quelques mois plus tard, après avoir obtenu un MFA en illustration, Tyler accepte l'offre de Solomon et reçoit une première mission, impossible à refuser, du directeur créatif de Wizards of the Coast, Jon Schindehette, qui a entendu parler de son travail par Irene Gallo. Ce premier projet, quelques illustrations pour le magazine Dragon, une publication électronique de D&D, sera la concrétisation d’une profession née d'une passion d'enfance pour l'art de D&D. Kate Irwin, directrice artistique chez Wizards, dira de Tyler, qu’outre ses talents artistiques, Tyler respecte toujours les délais, que c'est une personne avec qui il est très agréable de travailler et un collaborateur hors pair.
Ses premières missions pour D&D l'amènent à être invité par le directeur artistique Jeremy Jarvis, à créer des illustrations pour Magic: The Gathering. Tyler se voit confier pour la première fois la carte "Sneak Attack" en 2011. Cette œuvre sera à l’origine d’une relation continue avec Magic : The Gathering et Jeremy Jarvis qui durera plus de dix ans. Après cela, Magic: The Gathering occupera la quasi-totalité de l’activité professionnelle de Tyler. Au fil du temps, la technique de Tyler évolue, passant de la peinture à l'huile au travail avec des outils numériques. Une quasi obligation car il estime que le travail traditionnel ne lui permet pas de travailler assez vite pour répondre à toutes les demandes de Wizards of the Coast et, naturellement, il finit par tout faire dans Photoshop et Corel Painter, mais toujours en gardant le même processus. Ce qui l'intéresse, c'est de produire une image qui a l'air d'une peinture à l'huile et pour y arriver Tyler utilise des pinceaux Photoshop personnalisés, qui imitent les effets de ses peintures à l'huile.
Les artistes de Brandywine sont une grande source d'inspiration pour lui. Tyler a étudié un grand nombre de leurs œuvres et il est toujours à la recherche de cette sorte de sensation en ce qui concerne la couleur et l'éclairage. Aussi, dans toutes ses illustrations, pour suggérer le mouvement de la scène, il utilise les contrastes entre le clair et l'obscur et entre les couleurs chaudes et froides placées les unes à côté des autres afin d’attirer l'attention de l'observateur. Avec l'éclairage, il peut dicter la composition et guider l'œil dans l'image, puis la couleur vient en dernier. C'est tout cela qui raconte l'histoire.
Les détails réalistes sont importants pour Tyler, dont le côté scientifique veut les rendre parfaits. Les créatures, en particulier celles qui n'existent pas vraiment, doivent fonctionner dans un environnement proche de celui de la Terre. Les embellissements jouent un rôle important dans Magic et D&D, ils deviennent les caractéristiques d'identification de tous les outils, armes, armures et vêtements fabriqués par les différentes races. L'inclusion par Tyler d'autres éléments culturels, tels que les tatouages de type maori et les fourrures d'un peuple de l'Arctique, permet aux spectateurs de se familiariser avec ces éléments.
Tyler prend le temps de personnaliser ses personnages afin d'impliquer davantage les spectateurs dans les histoires. Il comprend que des clients différents s'adressent à des consommateurs différents. Au fil des ans, il va acquérir une meilleure connaissance des fans qu'il essaie de cibler et s’il rend ses directeurs artistiques et ses clients heureux, il n’oublie jamais ses fans.
Pour renouveler ses illustrations et fidéliser ses fans, il regarde toujours ce que font les autres illustrateurs et avec qui ils travaillent. Il conseille vivement aux illustrateurs débutants de développer une image forte de leur travail afin de se démarquer des autres artistes, tout en admettant qu'il ne compte pas sur le fait que les clients voudront toujours de son travail. L'apparence change et il en va de même pour la technologie, qui exige de nouvelles choses, il doit donc faire preuve de souplesse.
À l'université, Tyler suivait de très près le travail de Greg Manchess, qu’il adore. Il s'intéresse également à Jaime Jones et Craig Mullins, deux artistes numériques super géniaux au sommet de leur art. Il aime beaucoup Jon Foster et Justin Sweet pour leur style de peinture et leur travail fantastique. Les artistes de jeux spécifiques qu'il aime sont Karl Kopinski, Paul Dainton et, depuis un peu plus longtemps, Kev Walker, qui fait aussi des bandes dessinées extraordinaires. Toujours dans le domaine de la bande dessinée, c’est un grand fan d'Esad Ribic, d'Adam Hughes, d'Alex Ross et de Paolo Rivera. En sculpture, il pense à Mark Newman, Pablo Viggiano et Jordu Schell. Tous ces artistes sont de grandes sources d'inspiration, mais la liste n'est pas exhaustive.
En 2018, après avoir passé environ sept ou huit ans à travailler presque exclusivement avec Photoshop pour la peinture numérique, Tyler a eu envie de revenir à ses racines. La peinture à l'huile lui manque en tant que médium et il n'y a rien de tel que d'avoir l'artefact physique de la peinture finale lorsque l'on a terminé un travail. Il veut ralentir un peu les choses et remettre la main à la pâte, tout en ayant l'occasion de rejoindre le marché de l'art qui a vraiment pris de l'ampleur au fil des ans. Mais en réalité, il ne ralentit pas du tout. Il a oublié tout le travail nécessaire à la réalisation d'une peinture à l'huile et doit s’appuyer sur son bon ami Chris Rahn, qui a peint à l'huile toute sa carrière. Il le bombarde de questions sur son processus et Chris lui sera d'une aide inestimable pour son réapprentissage du médium. Se remettre à la peinture à l'huile n'était pas exactement comme faire du vélo, alors il ne remerciera jamais assez Chris pour tous ses conseils.
Le processus est finalement très similaire, la plus grande différence, c'est qu'on ne peut pas faire de grandes corrections sur une peinture traditionnelle comme on peut le faire sur une peinture numérique. Il faut donc planifier beaucoup plus en amont pour s'épargner des difficultés par la suite. C'est là que les outils numériques ont vraiment aidé Tyler. Ils lui permettent de visualiser la peinture dans son esquisse couleur et d’apporter des changements significatifs dès le début si nécessaire. La peinture finale se déroule ainsi beaucoup plus facilement et en définitif, il a tendance à passer plus de temps dans la phase de préproduction d'une illustration que dans la partie peinture proprement dite. Si vous vous y prenez bien, l'étape de la peinture physique peut se dérouler assez rapidement. Donc, bien que les huiles prennent beaucoup plus de temps à terminer qu'une pièce numérique, les ventes d'originaux lui permettent de compenser la diminution du nombre de missions qu'il accepte. Enfin, il apprécie ce nouvel équilibre, qui lui permet de choisir les œuvres qu'il veut créer numériquement et celles qu'il souhaite réaliser de manière traditionnelle.
À ce jour, Tyler a réalisé plus de 150 œuvres pour D&D et ses dessins de personnages, ainsi que ses illustrations pour Magic: The Gathering apparaissent naturellement très fréquemment sur les cartes à collectionner, les emballages et le matériel promotionnel destiné aux amateurs des séries. Mais elles apparaissent également sur papier et en ligne pour, par exemple, Rolling Stone, The New Yorker, Entertainment Weekly, Scientific American, Tor Books ou encore Simon & Schuster. Il a été sollicité pour réaliser des illustrations pour Games Workshop, où il a donné vie aux figurines qu'il appréciait lorsqu'il était enfant et son travail pour les magazines comme par exemple Scientific American, lui a donné l'occasion d'utiliser sa formation scientifique et de se concentrer sur l'exactitude historique.
En 2010, Tyler a reçu le prix Jack Gaughan du meilleur artiste émergent et, deux ans plus tard, il a été nommé lauréat du prix Spectrum 19 Advertising Award pour Talon of Umberlee (D&D).
En partenariat avec Flesk Publicatons, Tyler a publié en 2023 son premier livre d'art, The Art of Tyler Jacobson.
Aujourd'hui, Tyler passe ses journées à continuer à faire ce qu'il faisait quand il était enfant, toujours dessiner. Son enthousiasme pour le genre est inébranlable et il est facile d'imaginer qu'il sourit toujours lorsqu'il peint. Si vous lui demandez sur quoi il travaille maintenant, il vous parlera du projet qu'il a commencé et vous dira que "c'est un rêve qui est devenu réalité".
Tyler vit maintenant à la lisière d’Olympia dans l’état de Washington avec sa charmante épouse Devon et ses deux adorables petits chiens Arya et Sansa, de sympathiques Heeler, que lui et sa femme ont baptisés d'après les sœurs Stark dans Game of Thrones. Quand il a du temps libre, il a tendance à se plonger dans le cinéma, ainsi que dans tout ce qui concerne la réalisation de films.

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